Depuis 2016, toutes les entreprises sont obligées de proposer un moyen de paiement électronique à leurs clients. Au-delà de cette obligation, il n’est plus concevable de tenir un commerce sans proposer un moyen de paiement digital. Oui mais lequel ? Faut-il tout accepter ? Combien ça coûte ?
Il y a le classique « Bancontact » et le tout nouveau système « WERO », les distributeurs de billets qui disparaissent les uns après les autres, les éco-chèques, les chèques cadeaux… Pour les commerçants, tout est devenu flou.
Le coût des paiements électroniques reste élevé
Malgré les initiatives prises l’an passé pour limiter le coût final des transactions électroniques, le constat sur le terrain reste amer. Les paiements électroniques, ça coûte cher. Trop cher.
« Dans ma librairie, j’ai fait le choix d’accepter tous les types de paiements. Ca me coûte entre 400 et 600€ par mois, soit environ 6000€ par an. »
Xavier Deville – Libraire
Les frais liés aux paiements ont une influence directe sur la rentabilité d’un commerce. Pourtant, le législateur belge a pris des initiatives ces dernières années pour tenter de limiter le coût des paiements électroniques. Plus précisément, c’est le montant lié à la commission interchange qui a fait l’objet d’une limitation. Mais ils ne s’agit seulement que d’une (petite) partie des frais : celle qui est reversée aux banques. Il faut donc travailler sur les autres aspects et aller plus loin, voire au-delà.
La Commission européenne analyse les tarifs de Visa et Mastercard
C’est l’Echo qui nous l’apprend : suite à l’appel lancé par plusieurs associations européennes de commerçants, la Commission européenne a décidé de se pencher sur les pratiques commerciales et tarifaires de Visa et de Mastercard, les deux géants du paiement électronique. Ils passeront à la loupe les politiques tarifaires mais aussi la marge de négociation laissée aux commerçants. A ce stade, difficile de savoir sur quoi cela va déboucher, mais le signal envoyé par la Commission est positif. Attendons la suite.
Que peut faire la Belgique pour réguler les frais de transaction ?
Pour UCM, la solution doit aussi venir de notre classe politique belge, qui détient au moins une partie des clefs pour donner de l’air aux commerçants. On retrouve d’ailleurs des propositions intéressantes dans cette proposition de résolution du parlement fédéral, sur laquelle nous avons eu l’occasion de donner notre avis.
– Des coûts de transaction transparents et raisonnables :
Dans un contexte de transformation, les entrepreneurs sont régulièrement confrontés à de nouvelles technologies, de nouvelles offres de services de paiements, de nouvelles attentes de leurs clients. Alors que l’offre en la matière était très claire il y a encore quelques années, le sentiment de « junglification » est celui qui domine aujourd’hui. Non seulement il est compliqué de s’y retrouver parmi l’ensemble des opérateurs présents sur le marché, mais il est encore plus compliqué d’avoir une vue claire sur les prix pratiqués par ceux-ci. Développer un comparateur est un premier pas mais il est important d’étudier aussi la possibilité de fixer un plafond en matière de coûts liés aux paiements électroniques.
– Intensifier le dialogue entre consommateurs, entreprises et secteur bancaire
On sait la question des paiements sensible. Elle est aussi sujette à de nombreuses évolutions et mutations profondes. La question est sociétale : tout le monde a son avis sur la question, étayé ou non. Les difficultés autour des coûts, la raréfaction du cash ainsi que l’arrivée annoncée de l’euro numérique ou les discussions autour de la directive PSD3 sont autant d’évolutions qu’il va falloir préparer et digérer au niveau national. Il est donc important de se douter d’un outil de concertation efficace dans lequel les parties prenantes pourraient échanger et faire des propositions pour fluidifier les paiements tout en répondant aux attentes des parties prenantes : consommateurs, commerçants et entreprises, banques et réseaux de cartes.
Wero, la solution miracle ?
Ce 19 novembre, les 4 grandes banques Belges (ING, Belfius, BNP Paribas Fortis et KBC, rassemblées en la plateforme EPI) ont annoncé le lancement de « WERO ». L’application, qui s’apparente à un « portefeuille numérique » remplacera progressivement le système désormais bien connu de « Payconic » tout en proposant une série de nouvelles fonctionnalités pratiques (comme la possibilité de faire des paiements échelonnés, des dépôts de garantie, etc..). Les deux solutions cohabiteront quelques temps avant de laisser totalement la place à WERO, sans augmentation des tarifs en 2025.
A suivre.