Le Collectif Wallonie HoReCa a été créé à l’initiative de restaurateurs liégeois qui ont appelé l’ensemble de leurs confrères a s’unir autour d’un courrier adressé à Monsieur Willy Borsus, Ministre de l’économie, Madame Sophie Wilmès, Première Ministre et Monsieur Willy Demeyer, Bourgmestre de Liège.
Le Commerce Liégeois ASBL soutient cette démarche et l’ensemble des revendications dont certaines avaient déjà été formulées pour la défense des intérêts des professionnels du secteur HoReCa.
Contexte et revendications :
Comme l’ensemble de notre économie, le secteur Horeca souffre et va encore souffrir longtemps des conséquences de la pandémie de Coronavirus. Après des années de pression fiscale, de durcissement des réglementations sanitaires, de crise économique et sociale, cette crise s’inscrit dans un contexte particulièrement difficile pour notre secteur. Alors que beaucoup d’hôteliers, de restaurateurs et de cafetiers en étaient déjà à compter chaque centime, la crise que nous sommes en train de vivre va faire sonner, pour beaucoup, le glas de leurs activités.
Ceci, plus qu’un appel à l’aide, est un cri de désespoir. Nous en appelons à toutes celles et ceux qui font partie du secteur Horeca. Le temps est venu de réagir, le temps est venu de faire entendre notre voix. Sortons de nos cuisines et de nos salles et manifestons notre désarroi. La discrétion qui caractérise notre secteur, la résignation à subir les choses qui est bien trop présente a fait long feu. Il faut aujourd’hui agir, il en va de notre survie.
La crise que nous sommes en train de vivre nous laisse dans une situation grave. Les mesures qui ont été prises ont probablement été nécessaires et ne sont pas à remettre en cause. Elles ont cependant permis de mettre en évidence la fragilité de tout un pan de l’économie. L’heure du bilan et des questions est à présent arrivée, il semble évident que si la pandémie actuelle est un événement impondérable, la crise, elle, est bel et bien systémique.
Le sentiment qui domine aujourd’hui au sein de toute une profession est celui de l’abandon. Depuis plus de deux mois maintenant, nous sommes sans aucune nouvelle, laissés à notre sort. Ce n’est plus la frustration de ne pas pouvoir exercer notre métier qui est au cœur des discussions, mais bien la peur de ne plus pouvoir redémarrer, et pire encore, la peur de devoir en subir les conséquences lourdes pour longtemps.
Il est à présent évident que le secteur Horeca a besoin d’autre chose. Il a besoin d’une remise en question globale et d’une réforme profonde des modes de fonctionnement de notre état en ce qui le concerne. C’est une réflexion qui doit avoir lieu dans tous les niveaux. Nous n’en sommes plus aujourd’hui à pouvoir attendre que des décisions finissent par se prendre au terme d’un long et fastidieux parcours au travers de la lasagne de notre système. Nous n’en sommes plus aujourd’hui à pouvoir contempler patiemment le jeu politique qui consiste à se renvoyer les responsabilités. Il en va non seulement de la survie de la santé de l’ensemble du secteur Horeca, mais surtout de la vie de celles et ceux qui font ce secteur important de l’économie.
Le secteur Horeca est particulier. Il est majoritairement composé d’artisans et nécessite une main d’œuvre abondante. Les horaires sont contraignants et les heures rarement comptées. La pression fiscale qui pèse sur le travail affecte autant les travailleurs que les employeurs. Les premiers voient leur métier chaque jour gagner en pénibilité et en complexité. Les seconds se retrouvent souvent acculés et confinés à une vie de stress et de difficultés. Rares sont ceux qui réussissent et nombreux vivent dans la précarité.
Les fédérations qui sont sensées nous représenter sont inefficaces et coupées des réalités. Elles sont noyautées par des gens soucieux de préserver leurs avantages bien loins des réalités de l’Horeca d’aujourd’hui. La société change, notre métier change mais pas ceux qui nous représentent.
Force est de constater, au vu du nombre de faillites annuelles ou du nombre de suicides que nous avons à déplorer que le secteur dans son ensemble est aujourd’hui aux abois. Il est temps de réagir. Réagir à court terme, mais aussi entamer une réflexion à long terme.
A court terme d’abord, parce que c’est maintenant que les femmes et les hommes du secteur Horeca voient le fruit de parfois plus d’une décennie de travail disparaître, engloutie par une crise et les frais qu’elle entraîne.
La situation est aujourd’hui urgente et, pour beaucoup, elle devient dramatique. Nous réclamons d’urgence des mesures fortes mais aussi un plan de relance concerté et réaliste, tenant compte de ce qu’est notre métier.
Les mesures prises, dans l’urgence nous en sommes bien conscients, s’avèrent aujourd’hui être discriminantes. L’indemnité de 5.000€, bien que salutaire, ne tient pas compte de l’hétérogénéité de nos entreprises. Elle a été attribuée de la même manière à tous, en ne tenant pas compte de la nature, de la taille ou des charges, notamment sociales, des entreprises. Cette indemnité, initialement destinée au secteur de l’Horeca pour couvrir une période de fermeture imposée de 3 semaines, semble à présent largement insuffisante dans le cadre d’un ordre de fermeture qui s’étire depuis plus de deux mois. Ce mode d’action de dédommagement ne nous apparait pas comme adapté aux défis qui vont se présenter à nous. Nous pensons que les mesures doivent être structurelles et s’étaler jusqu’en décembre comme :
– Une baisse de la TVA généralisée à 6% car il est crucial de nous permettre de reconstituer une trésorerie ;
– Une exonération des taxes communales ;
– Le maintien du droit passerelle parce que, pour garantir la relance de leur entreprise, beaucoup d’entrepreneurs devront sacrifier leur propre salaire ;
– Le maintien du chômage temporaire car il semble évident que la relance sera progressive et qu’il faudra plusieurs mois avant de pouvoir retrouver un rythme d’activité normal ;
– Pour de nombreux propriétaires de bâtiments, des accords avec les banques ont pu être pris afin de les soulager financièrement. La situation est bien différente pour les entreprises locataires des locaux qu’elles occupent. Nous demandons une position claire du gouvernement quant au paiement des loyers. Il semble évident que l’exploitant ne peut pas être le seul à subir les conséquences de la crise;- Aux portes de l’été, et pour ceux qui en ont la possibilité, autoriser une occupation accrue de l’espace public.
– Un soutien aux nouveaux entrepreneurs n’ayant pas eu d’activité sur les trimestres précédents et ne pouvant pas bénéficier de l’indemnisation.
– Une intervention des compagnies d’assurances sur l’indemnisation de la perte d’exploitation.
Notre métier est déjà soumis à une règlementation sanitaire extrêmement contraignante. A l’heure du déconfinement, et alors que des mesures supplémentaires semblent devoir être prises, nous craignons qu’elle ne rende notre métier, si pas impossible, en tout cas vide de sens. Il est important d’entamer le déconfinement en tenant compte des réalités d’un secteur qui est celui de la convivialité, de la sociabilité et du partage. Des mesures trop strictes ou trop contraignantes pourraient s’avérer être extrêmement discriminatoires. Selon l’amplitude de certaines de ces mesures, de nombreux exploitants pourraient tout simplement décider de ne pas rouvrir.
En marge de ces actions, à courte ou moyenne échéance, il nous semble aussi indispensable de prendre des mesures à long terme. Nous réclamons des législations plus adaptées aux réalités de notre métier aujourd’hui. Une réflexion doit être entamée sur la fiscalité afin de tenir mieux compte des particularités du secteur Horeca. Enfin, nous estimons mériter d’être mieux représentés auprès du monde politique.
Détrompez-vous, il ne s’agit pas ici des caprices de quelques entrepreneurs mais bien du désarroi de tout un secteur et, avec lui, de toutes celles et ceux qui gravitent autour : les fournisseurs, les graphistes, les communicateurs, les artisans, les architectes d’intérieur, les cuisinistes, les producteurs locaux, …
Nous faisons des métiers de plaisirs. Nous sommes des métiers de sociabilité. Cette crise nous montre que, sans nous, notre pays perd beaucoup de sa convivialité. Sans nous, nos villes et communes sont en train de perdre leur âme. Avant qu’il ne soit trop tard, réagissons ! Avant que notre secteur ne soit réduit à quelques chaînes de fast food aux plaisirs formatés, bougeons ! Nous pouvons encore changer les choses mais faisons-le avant qu’il ne soit trop tard!
Le collectif Wallonie Horeca invite l’ensemble des membres du secteur Horeca ainsi que leurs sous-traitants et collaborateurs à soutenir son action et à rejoindre le groupe Facebook « Collectif Wallonie HORECA face au COVID ». Faire entendre nos voix est capital.
#CWH
#ASSIETTEVIDE
Lettre 2 du Collectif Wallonie Horeca envoyée le 25 mai 2020 :
L’action du Collectif Wallonie Horeca a été entendue !!
Le collectif #CWH a grâce à la ville de Liège pu s’entretenir pendant plus de deux heures avec Monsieur le Ministre Denis Ducarme, Ministre des PME et des indépendants :